Exposition temporaire passée

Île de Pâques,
l'ombre des dieux
30 juin - 4 novembre 2018

Du 30 juin au 4 novembre 2018, le musée Fenaille à Rodez et deux autres musées d’Occitanie (le musée Champollion à Figeac et le Muséum d’histoire naturelle à Toulouse) invitaient à partir à la rencontre de l’île de Pâques à travers trois expositions labellisées « Exposition d’intérêt national » par le ministère de la culture.

Affiche de l'exposition "Pierre Soulages, un musée imaginaire"
Affiche de l'exposition "Pierre Soulages, un musée imaginaire"

« L’ombre des dieux », au musée Fenaille à Rodez du 30 juin au 4 novembre 2018
« Les bois parlants », au musée Champollion à Figeac du 30 juin au 4 novembre 2018
« Le nombril du monde ? », au muséum de Toulouse du 30 juin 2018 au 30 juin 2019.

Vue sur l'entrée de l'exposition Ile de Pâques, l'ombre des Dieux
Vue sur l'entrée de l'exposition Ile de Pâques, l'ombre des Dieux

L’île de Pâques, perdue dans l’immensité du Pacifique, est une des dernières terres colonisées par l’homme vers l’An Mil. Des polynésiens s’installent et développent pendant plusieurs siècles une société d’une grande originalité, confinée sur un morceau de terre de 165 km2. Cet isolement prend fin le 5 avril 1722, jour de Pâques, avec l’arrivée inattendue de trois vaisseaux commandés par le navigateur hollandais Jacob Roggeveen. Depuis les premières explorations de James Cook ou du comte de La Pérouse, l’île n’a pas cessé de nourrir l’imaginaire collectif occidental.

Lapérouse Atlas Pl.11
Lapérouse Atlas Pl.11 © musée de Chartres Fonds Bouge
Moai Kavakava
Moai Kavakava, collection particulière, photo Hughes Dubois
Île de Pâques l'ombre des dieux
Île de Pâques l'ombre des dieux

Elle restera pour longtemps la terre de tous les fantasmes et des récits les plus étranges. L’écrivain Pierre Loti conservera le souvenir « d’un pays à moitié fantastique, d’une terre de rêve ». L’île de Pâques fascine par ses réalisations singulières, matérialisées par ses sculptures en pierre monumentales, l’invention d’un système d’écriture unique dans le Pacifique ou la réalisation de sculptures en bois d’une extraordinaire liberté formelle.

Le muséum d’histoire naturelle de Toulouse, le musée Fenaille de Rodez et le musée Champollion – Les Ecritures du Monde de Figeac se sont associés pour proposer trois expositions complémentaires qui rassemblent un ensemble rare et unique d’objets issus des principales collections publiques et privées. Une occasion de découvrir les multiples facettes de cette île par le prisme des thèmes développés dans les différents lieux : l’univers fascinant des représentations sculptées à Rodez ; l’énigmatique écriture Rongorongo et les récits d’explorateurs à Figeac ; l’histoire ancienne et contemporaine de l’île dans ses dimensions naturelles, culturelles et sociétales à Toulouse.

Pectoral (reimiro)
Pectoral (reimiro)

« L’ombre des dieux » au musée Fenaille

L’exposition imaginée au musée Fenaille s’intéressait plus particulièrement à l’univers des représentations sculptées. Chacun conserve l’image d’une île  marquée par la présence spectaculaire de plusieurs centaines de sculptures gigantesques mais la sculpture s’est épanouie sous d’autres formes encore largement méconnues par le grand public. 

Vue des statuettes dans la salle d'exposition à Rodez
Vue des statuettes dans la salle d'exposition à Rodez

Coupée du monde pendant plusieurs siècles, l’île a conservé des concepts mythologiques ancestraux comme des formes primitives du langage plastique polynésien. Les habitants ont utilisé de nombreux supports pour représenter leurs dieux : la pierre, le bois, le tapa (étoffe d’écorce) ou la peau humaine par le tatouage. Chaque moyen d’expression révèle des représentations singulières, voire des mondes distincts et autonomes. A côté des figures immuables sculptées dans la pierre (Moai) ou gravées dans la roche (pétroglyphes) existent d’autres représentations taillées dans le bois d’une grande liberté formelle. Ces pièces, aujourd’hui particulièrement rares et recherchées, sont nées de la main de véritables prêtres-imagiers. Elles comptent des représentations à forme humaine et des images chimériques exhibées lors de fêtes communautaires, des accessoires de danses aux lignes épurées, des ornements corporels ou des insignes de pouvoir à visage humain.

Privés de leur fonction première ou confectionnés pour les étrangers, ces objets alimenteront peu à peu au XIXe siècle un commerce de curiosités. En Europe, ils nourriront l’imaginaire des avant-gardes artistiques, intégrant les collections de Tristan Tzara, chef de file du mouvement Dada ou d’André Breton, père du Surréalisme. L’île de Pâques symbolisera pour longtemps cet ailleurs énigmatique.

L’exposition bénéficie du commissariat scientifique de Catherine Orliac, Directeur de Recherche au CNRS et de Michel Orliac, Chargé de Recherche au CNRS.

Comme un lointain écho aux statues-menhirs

A Rodez, le musée Fenaille conserve une collection emblématique de statues-menhirs – premières représentations de l’Homme en grand en Europe occidentale. Ces monuments, sculptés il y a près de 5 000 ans, occupent une place singulière dans l’histoire de de la statuaire. Leur apparition est liée au mégalithisme qui se déploie en Europe à la fin de la Préhistoire mais s’exprime aussi dans d’autres régions du monde à différentes périodes. Les premiers habitants de l’île de Pâques ont sculpté plus de 800 statues gigantesques (moai) dans les roches d’un des lieux les plus sacrés, le volcan Rano Raraku. Plus d’une centaine de ces sculptures ont été érigées sur d’énormes plateformes cérémonielles nécessitant la mobilisation d’importantes communautés.

Sculptures de l'île de Pâques
Sculptures de l'île de Pâques

Cette mise en scène spectaculaire est le fruit d’une société très structurée, pyramidale ; dominée par un pouvoir d’origine divine. Autour de son ensemble unique de statues-menhirs, le musée Fenaille nourrit depuis plusieurs années une réflexion sur la représentation de la figure humaine et les conditions de son expression dans les sociétés préhistoriques ou extra-européennes. Les expositions  Impression d’Afrique en 2014 ou plus récemment Guerriers celtes du midi en 2016 s’inscrivaient dans cette perspective.

L’exposition « île de Pâques, l’ombre des dieux » prolonge cette interrogation.

Couverture du catalogue d'exposition Île de Pâques
Couverture du catalogue d'exposition Île de Pâques

La catalogue de l'exposition

L’Île de Pâques
Actes Sud
Musée Champollion – Les écritures du monde, Figeac
Musée Fenaille, Rodez
Muséum d’histoire naturelle de Toulouse

juin 2018. 35 €

Commissariat

Aurélien Pierre,
directeur du musée Fenaille