Exposition temporaire passée
Nains, Hercules et Géants
La collection de Claude Ribouillault
26 janvier - 21 avril 2019
Le musée Fenaille présente depuis plusieurs années un programme d’expositions temporaires qui interroge la notion de représentation humaine à travers le temps tout en s’attachant à révéler, selon les circonstances, des collections extraordinaires, fruit d’une collecte assidue et attentive d’amateurs boulimiques.
L’exposition Nains, hercules et géants a rassemblé un corpus d’images inédit réuni par un infatigable collectionneur : Claude Ribouillault.
L’homme, issu d’une famille de conteurs et de musiciens de mariage, est passionné par la musique populaire. Il collectionne les instruments, les cahiers de chants et les partitions. Il a ainsi publié La musique au fusil, consacré aux pratiques musicales des combattants de la Grande Guerre (1996, réed 2014) et Musiques d’à bord (2015) sur l’imaginaire de la mer véhiculé par les chansons de marins.
En parallèle, Claude Ribouillault enrichit patiemment une collection de plusieurs centaines d’images sur une humanité circonscrite par la taille. Nains de cours ou gnomes merveilleux, hercules de foires et de tréteaux , vrais faux géants, hommes et femmes de tous les records sont patiemment rassemblés par ses soins. L’ensemble offre un panorama unique, souvent saisissant. Il a été présenté pour la première fois à l’occasion des Rencontres d’Arles 2017.
Depuis la nuit des temps, nains et géants ont alimenté les imaginaires comme les mythologies de toutes les sociétés. Leurs tailles atypiques ont frappé les esprits. Ils ont nourrit de multiples légendes et d’innombrables récits accompagnés d’images féeriques, extraordinaires ou sensationnelles. Ces hommes hors normes ont été rapidement contenus dans des groupes ethniques incongrus pour s’en prémunir. On les a qualifié tour à tour de lilliputiens, cagots, pygmées, ou patagons… Sous l’oeil des médecins, les différences humaines deviendront peu à peu des pathologies.
Il ne suffit pas d’être nain ou géant, encore faut-il le devenir en acceptant d’endosser la peau d’un personnage, parfois celle d’un véritable artiste. A la fin du XIXe siècle, l’exhibition de ces physiques hors normes connaît son âge d’or dans les nombreuses fêtes foraines qui remplacent souvent à la campagne les musées urbains.
La photographie prolonge le souvenir et joue des artifices. La tromperie et le bricolage se rejoignent pour donner à voir les phénomènes les plus spectaculaires (la recette ne semble pas avoir réellement changé). On triche un peu, avec «un art plus ou moins nuancé de la représentation et de l’imposture» selon les propos de l’historien et sociologue américain Robert Bogdan.
L’exposition présentée au musée Fenaille nous confronte principalement au regard porté sur cette humanité au début du XXe siècle, à travers près de 200 images inédites : cartes postales et cartes photographiques principalement. On explore ces corps et ces visages saisis par le prisme de la photographie : une sorte d’instantané de nos préjugés et de nos stéréotypes. Quels sont-ils aujourd’hui ? Que devient ce qui n’est plus montré ?
Ce florilège souvent troublant et émouvant, interroge notre rapport à la différence, à l’altérité. Il nous interpelle. Faut-il faire alors un pas de côté pour changer son point de vue ? Peut-être simplement pour regarder en face notre humanité, fragile et la construction de ses normes de représentation.
« L’humanité est là, prise par la taille, multiple et riche de sa diversité. Ces images, par la variété contradictoire et paradoxale qu’elles projettent, en disent beaucoup, au fond, sur chacun de nous, nos blessures mais aussi nos fiertés. »
Claude Ribouillault
La catalogue de l'exposition
Nains, hercules et géants
Humanités prises par la taille
Claude Ribouillault
Editions du Rouergue
octobre 2016
160 pages
29,90 €
Commissariat
Aurélien Pierre,
directeur du musée Fenaille