La pièce maitresse de ce puzzle est un curieux géologue, Henri Mattuse, père de la cinélithique qui aperçoit furtivement « un étrange galet noir en mouvement » en 1905, sur une plage de Bretagne. Mais qui est donc cet étrange scientifique ? Olivier Douzou évoque l’influence de ce personnage dans la conception de son ouvrage. Il se serait largement inspiré de La pierre en mouvement ou encore d’Angie mentionnés dans les carnets de dessins d’Henri Mattuse pour imaginer le bili Rolling. Les illustrations d’Olivier Douzou réalisées au crayon gris (mine 0,5 mm) font référence aux techniques de dessin utilsées par Henri Mattuse, particulièrement précis dans ses études sur le “vif”. Les rapprochements semblent multiples : le point de départ des recherches du scientifique dans le Finistère est le point d’arrivée du parcours de Rolling. Olivier Douzou prend plaisir à nous révéler les travaux oubliés et parfois égarés d’Henri Mattuse. Ses découvertes sont saisissantes, ses théories pour le moins surprenantes.

Rolling est un galet (un bili en Breton), un minuscule caillou échoué dans l’Aveyron avant que la mer ne se retire il y a quelques millions d’années… Mais il ne faut pas se tromper. Il est bien plus vieux que toutes ces statues-menhirs qu’il va croiser et entraîner dans son  grand projet : celui de rejoindre l’océan. Les statues-menhirs ont chacune un motif pour suivre le mouvement et entreprendre avec Rolling le très long voyage. Connaissez-vous l’histoire du Grand Poucet ? Les pierres qui roulent jouent souvent des tours.

L’exposition de ses travaux et de ses raisonnements bouleversent notre regard sur le monde minéral. Au bord du vide, peu de chose nous retiennent et il faut alors se laisser porter par cette pensée vertigineuse, mélange de célérité et de patience attentive. Peut-être, simplement, l’imaginaire en mouvement.