Les œuvres
de la collection

Vierge de l’Annonciation

Cette statue de la Vierge faisait partie d’un groupe mettant en scène l’Annonciation : l’ange Gabriel apparaît à Marie et lui annonce qu’elle mettra au monde Jésus, fils de Dieu.

Provenance

Rodez (chapelle du couvent des Annonciades) ?

Matériau

Calcaire polychrome

Date

Premier tiers du XVIe siècle

Dimensions

Haut. 80 cm ; long. 49 cm ; larg. 29 cm

Collection

Musée Fenaille- Rodez, coll. SLSAA

L’archange a aujourd’hui disparu, mais on peut imaginer à quoi il ressemblait en se référant au groupe de l’Annonciation de la chapelle de l’Ouradou à Estaing (Aveyron), dont la Vierge ressemble de façon confondante à celle de Rodez. Il a le regard tourné vers la Vierge et fléchit le genou.

La statue était destinée à être posée en applique contre un mur. Il se peut que le groupe ait été disposé dans une niche aménagée à hauteur d’yeux.

La tradition veut que cette sculpture provienne du couvent des Annonciades de Rodez. Il est probable que les religieuses se sont séparées de la statue pendant la Révolution.

L’ordre des Annonciades est fondé en 1501 par la reine Jeanne de France, qui vouait une dévotion particulière à la Vierge Marie, s’exprimant à travers le thème de l’Annonciation. Le couvent des Annonciades de Rodez est le troisième à être créé, après ceux de Bourges et Albi. La chapelle du couvent est consacrée en 1524 par François d’Estaing, évêque de la ville.

Il est donc séduisant d’imaginer que la statue a pu être réalisée entre 1520 et 1530.

Vierge de l'Annonciation en calcaire polychrome
Vierge de l'Annonciation en calcaire polychrome, provenant de Rodez (chapelle du couvent des Annonciades) ?, premier tiers du XVIe siècle

On connaît la nature de la pierre grâce à des analyses effectuées par le Laboratoire de Recherche des Monuments Historiques. C’est un calcaire blanc, micritique, très peu poreux, comportant des oxydes ferriques.

L’œuvre est constituée de six blocs assemblés au plâtre. La finition de certains volumes est effectuée au plâtre, qui masque une cavité ou remplace un relief manquant (moulure de plinthe du Prie-dieu, pli au-dessus du pied droit, arrière de l’épaule droite). Au revers, la sculpture est profondément évidée. Un fer plat renforce l’assemblage entre le bloc principal et la tête de la Vierge.

La polychromie originale est bien conservée. La mise en couleur nécessite plusieurs opérations :

  • La surface de la pierre est préparée par une couche de colle, puis une autre orangée (sous les couleurs) et une dernière brune (sous les feuilles métalliques et les teintes sombres).
  • Les feuilles métalliques sont apposées
  • Application des couleurs (blanc de plomb, vermillon cinabre, bleu azurite) et de laques translucides (vert, rouge et jaune)
  • Des touches de couleurs rehaussent les détails (galon du voile, fermeture de la chemise, traits vermillons sur le bord des paupières, rehauts de rouge sur les lèvres).

UN ATELIER DE SCULPTURE ROUERGAT ?

Plusieurs ensembles régionaux de sculpture présentent des points communs avec la Vierge du musée Fenaille, d’où l’hypothèse d’un atelier de sculpture rouergat. La Vierge du musée Fenaille est en tous points comparable à celle de l’Annonciation de l’Ouradou à Estaing (vers 1524 -1529) : même attitude, même costume, même drapés lourds à plis larges.

Le visage de la Madeleine de la Mise au Tombeau de la cathédrale de Rodez, datée de 1523, présente aussi des similitudes : front bombé, menton rond et proéminent, surplomb accentué de la lèvre supérieure, ailes du nez étroites, rehauts de peinture des yeux, ondulations régulières des cheveux.